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Luzmila Carpio

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Wild Wild West

 
Potosí
Ville de la Bolivie andine, à 4 000 m d'altitude environ ;
113 000 habitants (environ).
Ancien centre minier.

Monuments de style baroque « métis ».
© Larousse.
 
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Le chant des pierres
Luzmila Carpio
 

Nord Potosi (Bolivie). Une lente succession de collines écorchées par le vent glacé, couvertes de cumulus inertes. Un désert de pierre. Des terres peu fertiles où ne poussent que quelques tubercules. Des terres dénudées n’offrant que peu de nourriture à quelques lamas en pâture. Ca et là, au détour d’un nuage, des sentiers infinis qu’emprunte quantité de familles. L’homme est souvent en tête. Sec, vêtu d’un pantalon en haillons et d’une chemise blanche il rentre des champs accompagné de son épouse et de ses enfants. Un chef de famille, sûr de son pas et qui pleure parfois la sécheresse et les prix de sa récolte fixe par d’intransigeants négociants agricoles. Sa peau est brunie par le soleil. Ses lèvres sont sèches.

Les saisons et les caprices de mère nature rythment la vie de la communauté. L’autorité suprême est parfois saisie, les divinités du « Panthéon » quechua honorées et sans cesse remerciées. Personne ne se sent irréductible, résistant ou contestataire. Chacun envisage le progrès au travers des programmes de développement locaux et de quelques combats syndicaux.  Avec une circonspection teintée de méfiance. L’indien de l’altiplano a la réputation d’être idiot, grossier, feignant et inhospitalier. D’entretenir et même de reproduire un certain fatalisme.

Ici, dans l’altiplano, personne n’est sûr de rien. Et tous discutent humblement de « l’impitoyable » en communauté. Pour atteindre le « consensus », fruit de longs siècles de survie en milieu hostile et d’adaptation aux colonisations inca et espagnole, à la marche forcée vers le catholicisme, à la république et aujourd’hui à la mondialisation. Une part de destin leur a sûrement échappé.

Les vieux examinent les mutations, écoutent la jeunesse « rêver » de la ville se détachant peu à peu de la terre. Les anciens e souviennent et s’enivrent lors des fêtes communautaires et patronales. Les instruments à air et à vent prennent vie  en catimini. Des pas de danse spontanés bousculent de vieux corps trop longtemps courbés et font chalouper les plus jeunes. Les âmes libérées par l’ivresse s’entrouvrent, se font face… transfigurent l’instant. Des sourires, des cris, des pleurs succèdent aux chants. Profonds, durs comme la pierre ou  virevoltant comme des oiseaux enivrés par les senteurs de l’aube. Des chants fraternels et respectueux qui évoquent les saisons, le calendrier agricole, les ancêtres, la terre, la montagne, les récoltes. Du présent sans nostalgie. Une mémoire vivante jouxtant un futur nécessairement incertain mais que l’on ne pourrait concevoir sans la communauté. Une ode à la perpétuation de ce que maladroitement l’on appellerait la tradition mais qui n’est finalement qu’une douce continuité.

Luzmila Carpio n’est donc ni héritière ni ambassadrice encore moins la représentante d’une musique aussi inaccessible que les communautés qui l’ont enfanté. Sa voix porte sa communauté d’origine, supporte l’adversité habituellement réservée à l’indien bolivien, et transcende généreusement la fatalité. La jeune indienne partie faire la bonne dans une famille vivant dans une ville minière hors du temps a probablement « survécu » grâce à sa communauté. Une fois à Paris, reconnue par la critique, elle reviendra naturellement chanter dans son « pays ». Emue de voir son disque distribué en Bolivie. Aucune trace d’amertume. Aucun ressentiment. Seulement le plaisir de chanter et de faire exister sa communauté. Et le souhait d’en dépeindre les couleurs, les douleurs, les bonheurs, les rêves et les fêtes.


Florian Coat


Quelques liens et un peu de musique concernant Luzmila Carpio
+ http://joel.flores.free.fr/Our_Artists/Luzmila_Carpio/luzmila_carpio.html
+ http://www.mondomix.org/mix_fr/decouv/coup/carpio.htm
+ "Killpa" - Luzmila Carpio (Tradicional Chipaya, Bolivia)


Les prochains concerts de Luzmila Carpio
+ le 11 mai 2001 Oullins (France)
+ le 02 juin 2001 Seixal (Portugal)
+ le 09 juin 2001 Fès (Maroc)
+ le 11 juin 2001 Tours (France)
+ le 16 juin 2001 Château de Versailles (France)
+ les 6, 7 et 8 juillet 2001 Festival Tanz & FolkFest à Rudolstadt (Allemagne)
+ du 29 juillet au 1er août 2001 Martigues (France)
+ les 08 et 09 septembre 2001 Flandres (Belgique)
+ le 22 octobre /2001 Brest - Le Quartz (France)

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