Nord
Potosi (Bolivie). Une lente succession de collines écorchées par
le vent glacé, couvertes de cumulus inertes. Un désert de pierre.
Des terres peu fertiles où ne poussent que quelques tubercules.
Des terres dénudées n’offrant que peu de nourriture à quelques lamas
en pâture. Ca et là, au détour d’un nuage, des sentiers infinis
qu’emprunte quantité de familles. L’homme est souvent en tête. Sec,
vêtu d’un pantalon en haillons et d’une chemise blanche il rentre
des champs accompagné de son épouse et de ses enfants. Un chef de
famille, sûr de son pas et qui pleure parfois la sécheresse et les
prix de sa récolte fixe par d’intransigeants négociants agricoles.
Sa peau est brunie par le soleil. Ses lèvres sont sèches.
Les
saisons et les caprices de mère nature rythment la vie de la communauté.
L’autorité suprême est parfois saisie, les divinités du « Panthéon »
quechua honorées et sans cesse remerciées. Personne ne se sent irréductible,
résistant ou contestataire. Chacun envisage le progrès au travers
des programmes de développement locaux et de quelques combats syndicaux.
Avec une circonspection teintée de méfiance. L’indien de l’altiplano
a la réputation d’être idiot, grossier, feignant et inhospitalier.
D’entretenir et même de reproduire un certain fatalisme.
Ici, dans l’altiplano, personne n’est sûr de rien. Et tous discutent
humblement de « l’impitoyable » en communauté. Pour atteindre
le « consensus », fruit de longs siècles de survie en
milieu hostile et d’adaptation aux colonisations inca et espagnole,
à la marche forcée vers le catholicisme, à la république et aujourd’hui
à la mondialisation. Une part de destin leur a sûrement échappé.
Les vieux examinent les mutations, écoutent la jeunesse « rêver »
de la ville se détachant peu à peu de la terre. Les anciens e souviennent
et s’enivrent lors des fêtes communautaires et patronales. Les instruments
à air et à vent prennent vie en catimini. Des pas de danse spontanés
bousculent de vieux corps trop longtemps courbés et font chalouper
les plus jeunes. Les âmes libérées par l’ivresse s’entrouvrent,
se font face… transfigurent l’instant. Des sourires, des cris, des
pleurs succèdent aux chants. Profonds, durs comme la pierre ou
virevoltant comme des oiseaux enivrés par les senteurs de l’aube.
Des chants fraternels et respectueux qui évoquent les saisons, le
calendrier agricole, les ancêtres, la terre, la montagne, les récoltes.
Du présent sans nostalgie. Une mémoire vivante jouxtant un futur
nécessairement incertain mais que l’on ne pourrait concevoir sans
la communauté. Une ode à la perpétuation de ce que maladroitement
l’on appellerait la tradition mais qui n’est finalement qu’une douce
continuité.
Luzmila Carpio n’est donc ni héritière ni ambassadrice encore moins
la représentante d’une musique aussi inaccessible que les communautés
qui l’ont enfanté. Sa voix porte sa communauté d’origine, supporte
l’adversité habituellement réservée à l’indien bolivien, et transcende
généreusement la fatalité. La jeune indienne partie faire la bonne
dans une famille vivant dans une ville minière hors du temps a probablement
« survécu » grâce à sa communauté. Une fois à Paris, reconnue
par la critique, elle reviendra naturellement chanter dans son « pays ».
Emue de voir son disque distribué en Bolivie. Aucune trace d’amertume.
Aucun ressentiment. Seulement le plaisir de chanter et de faire
exister sa communauté. Et le souhait d’en dépeindre les couleurs,
les douleurs, les bonheurs, les rêves et les fêtes.
Florian
Coat
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