Sommaire
+ Certainement pas
+ Il parait que
+ In memoriam
+ Casse-moi, si tu peux
+ salauds de pauvres !
+ La mort d’un écrivain
+ C’est d’ennui que se ferment les yeux des lecteurs
+ Pause
+ "Quelque part, quelqu’un…"
+ La dernière soirée de la revue Perpendiculaire
+ Les instantanés amoureux de Mayumi
+ Dan Eldon ou la chute de l’ange de Mogadiscio
+ " Le jour se lève, ça vous apprendra "
+ Tazmamart : la honte du Maroc
+ A Manosque
+ " Sur ma route " de Carolyn Cassady
 
Dans les lettres que je reçois d’elle,
ce qui me touche le plus…
c’est le post-scriptum
 "
- Breton -
La dernière soirée de la revue Perpendiculaire
(Rapport d’activité 1985-2000)

Le dernier numéro de la revue littéraire Perpendiculaire a été imprimé par l’imprimerie Floch à Mayenne en août 1998. La littérature française doit beaucoup au département de la Mayenne, à Monsieur Floch et à son imprimerie de labeur (sic). En même temps, le département de la Mayenne doit également beaucoup à la littérature française puisqu’elle permet à Monsieur Floch d’employer 165 personnes. C’est pas rien en Mayenne. Dans la hiérarchie des entreprises de la région, l’imprimerie Floch arrive en 7ème position (sur 12) entre une fabrication de charcuteries fines  et une industrie laitière de poudre de lait.

Je cesse ces digressions sur la vie des entreprises régionales qui aurait certainement passionné les membres de la Société Perpendiculaire, si leur principal organe de communication et de réflexion n’avait cessé de paraître suite à un médiatique différend avec Michel Houellebecq et les éditions Flammarion, éditeur de la revue et de l’auteur des Particules Elémentaires. A l’époque, je fréquentais les rendez-vous publics du mercredi soir de la revue, au café Les Marronniers. A vrai dire, il ne s’y passait pas grand chose, mais on était heureux d’être là, avec la vague sensation de vivre un moment important de la vie littéraire parisienne voire nationale.

Je tiens à démentir une rumeur colportée et reproduite aujourd’hui dans le rapport d’activité 1985-2000 de la société : celle que les jolies filles étaient nombreuses aux réunions. C’est faux ! La plupart du temps (à mon grand désespoir) l’assemblée était majoritairement masculine et célibataire, hormis quelques froides intellectuelles toutes concentrées sur l’orateur du jour.

Pour revenir à des préoccupations moins triviales, bien que…, ma seule contribution à la revue, sur la demande de Jean-Yves Jouannais, aura été de présenter,  dans ce désormais mythique numéro de l’automne 98, une nouvelle de l’écrivain Emmanuel Bove, intitulée Bécon-les-Bruyères, juste après l’entretien avec Houellebecq qui mettra le feu aux poudres. Ce qui m’a beaucoup amusé, c’est de découvrir ce 27 mai 2002 dans le rapport d’activité, qu’un type, après avoir lu la nouvelle, s’était pointé aux Marronniers pour rencontrer Emmanuel Bove, ce qui prouve que les préfaces sont rarement lues avec attention.

Ce 27 mai 2002, lors de cette ultime conférence-performance à l’Espace Paul Ricard, ceux qui se trouvaient au Marronniers se comptaient sur les doigts d’une main. Ils avaient eu raison de ne pas venir. La farce était finie. La magie de l’ennui s’était envolée. Des compassés écoutaient religieusement les propos alambiqués des Perpendiculaires. Hormis un début d’explication  entre Raphaël Sorin (qui garda son flegme malgré les insultes d’un excité et la vindicte publique) et les cinq mousquetaires, la soirée fut morne et sans surprises. Dans le dernier numéro de la NRF, Houellebecq éructe contre la « racaille gauchiste ». Pourquoi tant de haine ?

Jean-Luc Bitton

Société Perpendiculaire : rapport d’activité 1985-2000
Editions Images Modernes, juin 2002. – 35 euros

La Société Perpendiculaire (composée de Nicolas Bourriaud, Christophe Duchatelet, Jean-Yves Jouannais, Christophe Kihm et Laurent Quintrau) est une entreprise de fiction créée en 1985, empruntant sa forme à la fois aux avant-gardes historiques et à une administration tertiaire, inspirée par celle des mutuelles assurances. La Revue Perpendiculaire, dix ans plus tard, fut la forme la plus visible de cette coopérative dont les centres d’intérêt furent la littérature, la philosophie, les arts plastiques ou la musique – mais dont les comportements demeurent, encore aujourd’hui, les champs d’investigation privilégiés. Ces expériences ont trouvé leur prolongement dans des essais, des romans, des expositions et des textes théoriques, mais aussi dans les rendez-vous publics du café Les Marronniers qui ont réuni autour de Perpendiculaire, pendant trois ans, auteurs et lecteurs de la revue. Celle-ci cessera de paraître en 1998 suite à un différend avec les éditions Flammarion.

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