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Paris
Appartement de Lénine
4, rue Marie Rose (14ème)

Un petit immeuble sans prétention, à deux pas d’Alésia. Une plaque indiquait jadis que Lénine vécut là, de juillet 1909 à juin 1912. Elle a été arrachée depuis. Au deuxième étage, un appartement modeste. Deux pièces ont été transformées en petit musée. Les murs, couverts de moquette rouge, sont chargés de photos, fac-similés de lettres et autres dazibao à la gloire du « grand homme ». Le parti communiste a renoncé depuis longtemps à faire visiter l’endroit. Dans l’entrée, un drapeau rouge prend la poussière.

Au bout d’un couloir décoré par deux vitrines (pleines d’objets commémoratifs : médailles, livres, statuettes), deux chambres séparées. Celle de Lénine est tendue de papier peint à motifs floraux. Au dessus du lit, telle une icône, trône une photo de Karl Marx. Sur la couche, un jeu d’échec. La bibliothèque est remplie de livres russes. Sur la cheminée, une photo de babouchka repose contre une glace, près d’un bouquet de fleurs séchées. Le bureau est resté tel quel. Une feuille de papier jauni gît au côté d’un fascicule de propagande et d’un vieux plumier. Une bouteille d’encre sèche voisine avec une pile d’ouvrages de philosophie et une lampe à pétrole.

La chambre de Koupskaïa est plus austère. Le lit à une place, lui aussi, semble plus dur. La table est nue et les étagères sont moins fournies. Une pancarte bleue, plantée là, au milieu de la pièce, vante les mérites de la compagne « fidèle » du chef. Deux lits d’enfants, désespérément vides, émergent de l’obscurité dans une alcôve.

Dans la cuisine, sur un réchaud en fonte, une marmite abandonnée est posée dos au mur. Lorsqu’on soulève son couvercle, une odeur âcre de champignon emplit brutalement l’air. Deux choses noirâtres apparaissent dans une brume, indéfinissable, de moisissure.

Une porte fermée à clef donne sur un réduit. Dans un carton, des centaines de prospectus, glissés sous la porte, au fil des ans, ont été entassés. Quelques enveloppes portent le nom de Vladimir Illitch. Un canapé-lit étonnamment moderne occupe tout l’espace. On aperçoit un livre portant sur la couverture une photo de Youri Gagarine. Certains prétendent que des « camarades » recevaient là d’innocentes créatures pour leur montrer les joyaux du communisme. Un placard coulissant renferme en effet une dizaine de bustes en bronze.

Baudouin Eschapasse
Journaliste indépendant,
collaborations régulières avec Zurban, Le Point et Historia.
   

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