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Tour d'Amérique latine
Objectif dune
par Florian Coat

Le taxi que l’on prend pour aller dŽIca à Huacachina est semblable à celui de n’importe quelle autre ville péruvienne. Voiture de marque japonaise ou coréenne et chauffeur bavard, ironisant sur la situation economique peu reluisante que vit son pays. Ce dernier en pique un peu contre le nouveau maire qui selon lui a laissé le petit village sans assistance municipale.

Oasis situé a 5 km dŽIca célébrée pour ses bodegas et ses vins, Huacachina est une impasse. Une rue, une petite église année 50, quelques habitations, bars, hôtels et restaurants regroupés autour dŽune lagune dŽune centaine de mètres, entourée dŽénormes dunes de sable, derniers remparts mouvants avant le très aride plateau dŽIca. La mer est a 80 km mais l’atmosphère côtière. Huacachina a des airs de station balnéaire. De petits stands proposent aux badauds les mêmes colliers ou autres fantaisies que dans le reste du pays. Les tours opérators déversent des groupes de touristes japonais qui en 15 minutes montre en main, font le tour du propriétaire. Photos à lŽappui. En fin de semaine, les familles nombreuses d’Ica viennent y faire un tour de canot ou s’y baigner. Les amoureux préferent le coucher de soleil pour profiter de la longue promenade qui longe la lagune.

Des policiers en VTT gèrent le flux de taxis en sirotant des chichas moradas. A lŽabri des palmiers, loueurs de canots, photographes et vendeurs de glace forment une cohorte de personnages fantasques à la gorge sèche et au verbe facile. Ici tout est sujet à raillerie et aux plaisanteries. Gringos inclus, surtout lorsque couverts de sables ils viennent de terminer leur session de sandboard (surf des sables).

Oasis atypique aux couleurs orientales, Huacachina est aussi le seul spot péruvien de sandboard. A lŽorigine de lŽimplantation de ce sport, des mômes du coin qui, il y a 20 ans de cela descendaient les dunes sur des bouts de carton. Depuis et après de multiples évolutions, le bout de carton a laissé place à une planche dŽun mètre environ. Proche cousine du snowboard celle-ci est faite de bois léger et de formica (pour la glisse). Côté formica s’applique aussi une couche de wax (cire liquide) pour diminuer lŽadhérence au sable. Fernando dit šEl Chinošen est le concepteur. Passionné de glisse et désireux de surfer encore plus vite des dunes toujours plus hautes, El Chino fabrique et loue ses sandboards depuis des années. Son mètre 65 et son appétit attestent que la condition physique n’est pas la première condition requise pour glisser sur sable. šAvant tout il faut vaincre sa peur ou son appréhension face a la pentešaffirme t-il. šEnsuite cŽest une question dŽéquilibre et de technique pour controler sa vitesse et se sentir pleinement libre de ses gestes.š

Le choix de la dune est crucial. Pour son inclinaison bien sur, mais aussi pour la texture du sable. šUn sable compact et dur ralentit la vitesse et peut occasionner des chutes douloureuses. Un sable fluide assure une glisse sans à-coups, rapide ou... un bon bain de sable chaud.š Précurseur du sandboard, El Chino voit dŽun mauvais oeil la multiplication des stands de location de planches de surf des sables. šLa plupart du temps ils amènent les surfeurs sur des mauvaises dunes et ils ne leur fournissent pas de wax. Résultat les gens disent que ça ne glisse pas.š

Soit, mais pour profiter de lŽivresse de la glisse, faut-il pouvoir atteindre le sommet de lŽune des dunes les plus hautes de lŽoasis. Pas de télépheriques mais une ascension dŽune vingtaine de minutes sous un soleil de plomb et avec des chaussures se remplissant peu à peu de sable. Une fois atteint le sommet, les rafales de vents qui sculptent les dunes se font plus violentes. La vue sur l’horizon fait de sable est apaisante. La pente tant convoitée qui glisse vers lŽoasis est vertigineuse. Elle oscille entre les 30 et 40 degrés dŽinclinaison.

La pente opposée plus courte ressemble à une piste verte, idéale pour tester son équilibre. Comme au bodyboard lŽapproche est plutot simple et la première glisse souvent la bonne. Une fois les pieds positionnés dans les "full straps", se laisser glisser le corps légèrement en avant et en diagonale par rapport à la pente. La sensation de vitesse est instantanée mais le contact avec le sable mouvementé. Tenter une figure est prématuré. Si une dune ne sŽoffre pas au premier venu, à la différence d’une vague elle ne casse pas net. Savoir ralentir tout en maintenant son équilibre apparaît donc la première technique de base à acquérir. Chevilles et mollets sont mis à rude épreuve. Les chutes se multiplient et la descente parfaite, fluide et rectiligne qui ne dépasse pas la minute, sŽapparente à un mirage.

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