Sommaire
+ M[aux] M[o]dernes et M[ot]dits
+ Bonjour Deux-mille-trois...
+ Il était une fois Santiago...
+ chronique de l'été deux-mille-deux
+ dernier jour de mai, premier jour de foot
+ un géant chez les schtroumfs
+ le prince
+ le roi nu
+ premier mai
+ le 22 au matin
+ on verra bien
+ saint- Michelin, priez pour nous !
+ les « mal-adresses » ou le voyage ordinaire d’un touriste en Tibéri
+ hommage à Oscar Wilde
 
CHRoNiQueS D'uN iNSTaNT
Les « mal-adresses » ou le voyage ordinaire d’un touriste en Tibéri
 

« Mon pari c’est Paris ». Un Paris à tout prix pour Jean le dissident au « bon bilan », ex ami de « Chichi » et présenté comme l’héritier sinon l’Animateur d’un « système » que son opposant du RPR souhaite rompre sans pour autant le définir. Tibéri entouré de ses derniers fidèles à des allures de mercenaire. Terminer coûte que coûte sa mission. Il se livre à un drôle de jeu ; il menace le Président, le désignant indirectement comme responsable du « système » ;  il peste contre un parti « aux méthodes d’un autre temps. » Ce dernier vient de l’exclure. Et il n’est finalement  pas « souhaité », « envisagé » au seul débat télévisé organisé autour de la campagne parisienne. Le délaissé, le bouc émissaire en quête de crédibilité et de représentativité ne s’inquiète pas du basculement historique de la ville à gauche. Tibéri n’a pas d’adversaire. Il semble se battre contre lui même.  Son statut d’intérimaire ne lui sied pas. Le remplaçant rêve d’être titularisé au terme de sa mission. Il aurait dû expédier les affaires courantes . Le voilà au cœur des affaires, de la polémique.

Sa campagne est paradoxale. Elle est rythmée par les décision de justice qui secoue la mairie de Paris et le cinquième arrondissement en particulier, « son » fief parisien. Ce statut de témoin assisté, qui le fait basculer entre témoin et mis en examen ne le gêne guère. Il ne se présentera pas à la convocation des juges. L’enquête n’est qu’un camouflet orchestré par Jacques Toubon, le RPR et la gauche. « Le Saint » jeté aux chiens payant pour d’autres moins scrupuleux, moins regard(és)ant devient son thème de campagne. Le « paria » se débat, encaisse les attaques et tâche d’esquiver les nouvelles. Il essaie d’exister. Les attaques dont il fait l’objet lui donnent finalement une consistante inespérée, inavouable. La « victime » spécule sur l’effet « affaire ». L’ellipse, le non dit, la périphrase baignent ses discours politiques. Le looser aux allures de coq sportif se cherche une place. Et s’il ne jouait que le cinquième  et non la mairie ? Immunité ou repentance ?

Tibéri aurait mis en place une peu scrupuleuse pompe à faux électeurs. L’enquête en cours a déjà révélé l’existence de 3315 vrais-faux votants inscrits de manière irrégulière. Il est donc suspecté et dénoncé d’avoir activement participer à l’inscription d’électeurs fictifs dans le cinquième.    Comble de malchance, ils voteraient en sa faveur. En 1997, Jean Tibéri remporte les législatives avec 2275 voix d’avance.

Mai 2001. Jean Tibéri a été reconduit à la mairie. Son « cinquième » incarne l’esprit rive gauche et flirte avec le quartier latin. Station de métro Cardinal Lemoine. A droite le Panthéon, à gauche la rue Mouffetard. Quelques gouttes d’eau glacées s’infiltrent dans la bouche métro et se déposent sur les vitres du guichet RATP. La préposée est avenante. Le quartier touristique. Elle consent instantanément à consulter son plan d’arrondissement. Première impasse. Le 373 de la rue Saint Jacques ne figure pas dans l’index. Nouvelle adresse fantôme ; le 139 bis rue Mouffetard n’est pas répertorié. Geste d’exaspération de la guichetière. Regard soupçonneux. Et soulagement non feint lorsque elle localisera les deux prochaines destination. Les deux adresses fantômes ne sont plus qu’à ranger au rayon « touriste mal informé ».

Au dehors les élections ne sont plus qu’un souvenir évoqué par des affiches décrépis. Les bars de la rue Mouffetard ferment à une heure du matin. Les tenanciers s’en plaignent souvent et désignent un haut fonctionnaire qui rejoint son appartement. Dans une rue Mouffetard baigné par le soleil, les épiciers, pâtissiers ou autres vendeurs à la criée sont trop occupées à « lever » les ménagères . La boucherie qui clôt la rue Mouffetard restera muette. Les affaires ? « C’est pas mon rayon ». Le 139 bis ? « Nous on est au 139 je crois… ». Le 139bis n’existe pas. Quatre électeurs sympathisants RPR y sont inscrits. La situation rue Saint Jacques est plus compliquée. Le dernier numéro en vue, le 307, est à deux pas plus loin interrompu par un grand boulevard. A la boulangerie du coin, on ignore si le 373 existe mais on sait que le magasin « termine » la rue. Onze personnes une nouvelle fois virtuellement proches du RPR y sont répertoriées.  Au cinq rue Rabaud, une trentaine d’électeurs ont été domiciliés fictivement. L’appartement est très tendance OPAC. On n’accède aux boîtes qu’en ouvrant la porte. Sécurité ? Au 11 rue Bernard enfin, on frise la provocation.  35 personnes employées à la mairie de Paris y seraient fictivement domiciliées. Le siège du Monde est à quelques mètres. La porte est usée. Le numéro peint à la main. Pourquoi donc accepter d’y être domicilié et prétendre y voter ?

   

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